Un Japonais à Paris - L'année Kitano

     A dix jours de l'ouverture de l'exposition consacrée à Takeshi Kitano à la Fondation Cartier (qui exauce, après avoir invité David Lynch en 2007, mon deuxième souhait de cinéphile), il me faudrait écrire une petite note capable de résumer mes attentes, de faire écho à ce qui n'a pas encore été dit et qui pourtant, fait étrange, résonne déjà dans ma tête. Mais que dire de cet homme mi-sage mi-bouffon ? Lui qui a remporté un Lion d'Or à Venise, qui a animé des émissions hybrides et débiles à mi-chemin entre Interville et Lagaff', qui a tourné dans des bouses cyclopéennes comme Johnny Mnemonic et des chefs-d'œuvre comme Hana-bi, qui joue un jour la carte de la scatologie pour ensuite se tourner vers la poésie et la mélancolie…? D'ailleurs, souligne-t-on dans le communiqué de presse, l'expo est destinée avant tout aux enfants. On sent venir la roublardise du yakuza toujours prêt à se battre avec des pistolets à eau. Ne pas s'adresser directement à la critique. Ne pas chercher à créer l'attente d'une expo traditionnelle, avec des œuvres devant lesquelles les spécialistes se pencheront pour ensuite, dans un sourire complice, convenir avec leurs collègues de la déchéance de l'art du maître. Mais refuser également le délire égoïste, comme il se l'est permis sur certains films tels que Getting Any ? ou bien, plus récemment, Glory to the Filmmaker... Il s'agit de faire revivre tout un imaginaire. Une dose de jeu, une autre de sérieux, une autre enfin de sang ou de ketchup… Tout l'art de Kitano est dans ce mélange. Ces Yakusa sur la plage dans Sonatine, perdu le temps d'une trêve, et qui retombent en enfance aussi vite qu'ils dégainent leurs armes… Ce gosse dans Kikujiro qui est guidé par un autre gosse hautement plus puéril… Ce cinéaste enfin, qui après s'être mêlé de septième art, n'en continue pas moins de jouer avec tout ce qui lui passe par la main, caméra, plateau télé, pinceau, peinture, musique, etc.

              

Le mieux certainement est d'attendre, puisque cette année kitanesque nous promet, outre cette exposition, la sortie de deux nouveaux films, Achille et la Tortue en mars, puis un second film, Outrage, qui devrait être présenté à Cannes. On n'en attendait pas tant. Pour les amateurs et les oisifs (ceux qui peuvent faire la queue à 11h du mat' pour prendre un billet), Kitano sera présent à Beaubourg le jeudi 11 mars prochain...