Ellipses publie une Encyclopédie du fantastique
Vient de paraître ces derniers jours chez Ellipses, une maison d'édition universitaire spécialisée dans les couvertures de mauvais goût, un pavé de mille pages qui oscille entre le dictionnaire et l'encyclopédie et dont la couverture tient à la fois du cliché et de la sobriété : l'Encyclopédie du fantastique. Basée sur une idée de Pierre Brunel qui, chose surprenante, ne semble pas avoir signé d'article, c'est Valérie Tritter qui en coordonne le tout... On peut donc dire qu'avec cet ouvrage, on est en plein quartier sorbonnard, du Paris IV pur jus pour les connaisseurs et les intimes. Rien de neuf sous le soleil, rien d'obscur sous la lune. Au premier abord, et alors que des articles complets sur le "cheval", le "chat" ou le "serpent" y figurent, on sent le manque de certains thèmes peut-être trop évidents comme la démonologie, les anges et autre satanisme... La question du Mal semble éludée ici. En revanche le nombre d'auteurs est suffisant pour nourrir des mois, des années de lecture. C'est d'ailleurs dans ce sens que je prends cet ouvrage, comme un guide de lecture. Mais justement, le défaut majeur de l'ouvrage est l'impossibilité de naviguer intuitivement entre les différentes entrées, la faute à un système de renvoi très pauvre et assez anarchique. Car non seulement les noms propres et les thèmes utilisés dans un article et présents également dans l'encyclopédie ne sont pas identifiables (par une police en gras par exemple), mais les renvois en fin d'articles sont également quasiment inexistants. Il devient donc difficile d'aller d'auteurs en auteurs. On peut aussi critiquer l'absence de véritable développement pour nombre d'écrivains ou réalisateurs, bien que ce soit une constante de nombre d'encyclopédie. De la même manière il sera toujours possible de s'insurger contre l'absence de tel ou tel artiste, comme je l'ai fait avec Kiyoshi Kurosawa, l'un des grands réalisateurs actuels du fantastique. Mais si Rops, Redon, Kubin, Goya, pour les peintres, si Cronenberg, Lynch, Murnau, Polanski ou Dreyer pour les réalisateurs, si Hoffmann, Kleist, Maupassant, Poe et mon éternel Kafka y figurent, on peut dire alors que ça se tient. Et si on se dit qu'après ceux-là, il doit rester encore 486 articles sur des auteurs plus ou moins connus, alors on comprend la richesse du bouquin. Un ouvrage qui ne devrait donc pas rester dans la poussière de mes étagères.